Comment je suis devenu testeur de logiciel

Mon parcours en est un parmi tant d’autres : C’est loin d’être un parcours lisse ou idéal, mais comme tous ceux à qui la réussite n’est pas servie sur un plateau d’argent, je n’ai pas eu le choix. J’ai dû arracher chaque expérience par ma persévérance et ma soif d’apprendre.

J’ai à l’origine un master en sociologie et en gestion des risques environnementaux. Cela n’a absolument rien à voir avec l’informatique. J’ai tiré un trait sur mes précédentes aspirations pour des considérations matérielles et financières. Les postes sur des métiers de la transition écologique sont à mon avis trop peu nombreux aujourd’hui, je me suis donc reconverti vers l’informatique.

NON, je n’en ai plus honte. Je raconterai cette histoire dans d’autres publications, mais ce n’est pas ce que je veux partager aujourd’hui.

Est-ce que je suis parti de rien ? Oui et non.

J’ai baigné dans le numérique. J’ai grandi avec. Cependant, je suis très loin d’être un programmeur. On peut juste dire que je ne suis pas un réfractaire à la technologie. Rien que cela, ça aide un peu, mais c’est négligeable.

C’est souligné en introduction, mais à un moment donné de ma vie j’ai décidé d’arrêter de persister à trouver un emploi dans mon domaine d’origine pour penser à moi et à ma sécurité. C’est en été 2019 que j’ai commencé à me former moi-même. Tout ce qui s’est passé avant 2019 n’a donc aucune importance dans l’explication de mon parcours.

A part programmeur, je ne savais pas quels étaient les autres métiers de l’informatique et les testeurs étaient ceux de YouTube concernant les jeux vidéo. Pourtant, de mon jeu vidéo préféré, a mon application de banque en ligne, jusqu’aux services publics dématérialisés : des centaines de personnes dont le rôle n’est pas entièrement technique ont défini et affiné des besoins, évalué la qualité des produits. Des managers et des coordinateurs ont géré l’avancement des projets. C’est une évidence qui ne me sautait pas aux yeux lorsque j’étais loin de tout cela.

En même temps, ça a été ma chance. J’avais une contrainte de temps et d’argent qui m’a poussé dans mes derniers retranchements pour me former rapidement. Je n’avais clairement pas le temps de refaire mes études et devenir ingénieur en informatique. Donc l’objectif initial de ma formation était de devenir Business Analyste. Il y a de nombreuses compétences en commun entre ce métier et les activités réalisées en sciences humaines. J’en parlerai également ailleurs.

Je suis donc devenu testeur de logiciels. Un aperçu de mes débuts.

Si vous avez suivi jusqu’ici, vous vous rendez bien compte que ça n’a aucune logique. C’est parce que l’ESN (Entreprise de services du numérique) qui m’a donné ma chance m’a vendu auprès de mon premier client comme testeur. Mais je le rappelle, dans la situation où j’étais, foutu pour foutu, j’ai accepté et réalisé ma mission avec l’aplomb et l’énergie du désespoir. Je ne connaissais ni le produit, ni le métier de testeur. Je n’y suis donc pas allé par quatre chemins.

« Si ça marche comme c’est écrit dans la spécification, alors je ne peux pas me tromper. Si je m’en tiens à ça, j’aurais fait le boulot ».

Ce principe-là m’a servi de première boussole. Les testeurs qui ont plus de bagage que moi auront certainement beaucoup de chose à dire sur ce présupposé. Dans le contexte projet dans lequel j’étais inséré, c’était pourtant le nerf de la guerre. Les spécifications étaient les documents contractuels sur lesquels tout reposait, y compris, la prise en compte pour correction de bugs.

Si je me limite à l’expérience durant mon premier projet, une facette de mon travail de testeur était donc celle d’avocat.

Aujourd’hui je n’aurait aucun mal à argumenter : quand bien même tout n’est pas écrit dans la spécification, quid des exigences et des tests non-fonctionnels à réaliser ? Voici quelques exemples d’éléments qui n’étaient pas écrits dans le contrat et pourtant qui devraient être testés et pris en compte :

  • Un approvisionneur qui met plus de 5 minutes à renseigner les informations nécessaires à sa commande uniquement car l’outil met plusieurs longues secondes à sauvegarder lorsqu’on clique sur le bouton « enregistrer », c’est un risque de perdre en productivité.
  • Sur certains contrats vendus en milliards d’euros, les zones dans lesquels les les prix sont saisis doivent pouvoir afficher 10 chiffres avec séparateurs de milliers et 4 chiffres après la décimale, soit un total de 18 caractères à pouvoir prendre en charge.
  • Un magasinier qui consulte un bordereau de réception contenant en théorie des dizaines, voire des centaines de références sérialisées doit pouvoir identifier d’un coup d’œil les numéros de série qui sont prêts à être réceptionnés, ceux qui n’ont pas encore été reçus, ceux qui présentent un défaut de conformité annoncé par le fournisseur…

Cela, j’en étais incapable au début. Cette finesse dans la capacité à écrire des cas de tests qui sont à la fois, faisables, apportent de la valeur, correspondent à un besoin : elle ne s’acquiert qu’avec l’expérience transmise ou acquise par l’exercice d’un tenant du métier. Pour ça, je veux croire que les testeurs reconvertis deviennent souvent d’excellents éléments. Ils ont pour moi légitimité entière d’être testeurs sans parler d’ajouter à cette expérience le bagage technique. Ceux qui connaissent un métier sont ceux qui sont le plus capable d’argumenter sur les risques causés par des problèmes de qualité.

Je suis absolument reconnaissant de ma première expérience de testeur. J’ai travaillé dans un projet assez générique pour connaître les rouages principaux d’une grande diversité de métiers : acheteur, contrôleur de gestion, magasinier, fabricant… Cette expérience, c’est une base qui ne cessera jamais de se consolider. Ceux qui m’ont accordé une chance, j’espère sincèrement qu’ils ne le regrettent pas.

Pour ceux qui lisent cette publication et qui débutent. Mettez-vous dans la peau d’un détective. Soyez en permanence à la recherche d’information et en permanence en train d’essayer de raccrocher les wagons. Posez des questions et écoutez activement. Si vous n’avez pas le choix, adoptez une approche scolaire jusqu’à pouvoir élargir le champ des possibles. Soyez aussi transparents et factuels dans les descriptions de problèmes que vous faites.

Testeur de logiciel, c’est mon nouveau gagne-pain, mais également une passion émergente.

Il me reste beaucoup de choses à apprendre et je ne me considère pas encore comme un bon testeur.

J’espère un jour pouvoir faire le pont entre mon ancienne vocation et l’informatique. Mais j’ai conscience de la route qu’il me reste à parcourir. Il faut que je continue d’améliorer mes compétences de bases, que je m’intéresse à l’aspect technique et les besoins en automatisation. Mais aujourd’hui, à presque 2 ans d’expérience, je peux le dire. Je suis lancé et je ferai en sorte que rien ne m’arrête.

Merci de m’avoir lu. A bientôt !

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